Aller au contenu

"Conseil et Gestion de Patrimoine à la carte"

Eclairage rapide sur les évènements des derniers jours

Voici un éclairage d’un gestionnaire de fonds : Amiral Gestion au sujet des évènements de ces derniers jours.

 

Les marchés ont chuté ces trois derniers jours à la suite des fermetures au cours du week-end de la Silicon Valley Bank (SVB) et de la Signature Bank (SB) par les autorités américaines. Le phénomène a été amplifié par les déboires du Crédit Suisse.

 

Les médias français n’ayant pas toujours retranscrit fidèlement l’affaire (une chronique dans le journal Le Monde a même tenté de lier cette crise aux creusements des inégalités de revenus…), il nous a paru utile de vous livrer quelques clés de lecture sur ces événements et leurs répercussions potentielles. 

 

Résumé des faits

  • L’affaire concerne deux établissements de taille moyenne, avec des clientèles très spécifiques (start-up tech pour SBV, crypto pour SB) et des dépôts ne venant pas d’une clientèle de détail.
  • Ces deux établissements avaient connu une croissance fulgurante de dépôts de la part de « large corporate » et les avaient placés dans des obligations longues (10 ans), à taux fixe et sans couvrir le risque de taux.
  • Suite à la hausse des taux d’intérêts, la moins-value latente sur ces portefeuilles représentait la totalité (chez SVB) ou une très grande partie (chez SB) des fonds propres.
  • Le dégonflement de la tech et des crypto a entraîné une première contraction des dépôts, les obligeant à vendre de premiers titres à perte, mais a surtout attiré l’attention des marchés sur la masse des moins-value latentes, générant en quelques jours un « bank run », c’est-à-dire un retrait massif des dépôts par les clients.
  • Autant d’amateurisme dans la gestion du risque de liquidité et du risque de taux par ces deux banques peut en partie s’expliquer par la réglementation américaine qui exempte les établissements ayant moins de 250 Mds d’actifs d’une supervision fine et notamment des ratios de liquidités.
  • Les autorités ont donc fermé ces deux banques et transféré les dépôts à de nouveaux établissements de type « bridge », en annonçant au départ ne couvrir que les déposants jusqu’à 250 k USD.
  • Face au risque de contagion, les autorités ont pris deux mesures de stabilisation au cours du week-end :
    • elles ont finalement annoncé une garantie de la totalité des dépôts,
    • elles ont mis en place pour le secteur bancaire une ligne de refinancement exceptionnel de 25 Mds permettant aux banques d’apporter leurs obligations en collatéral sur la base de leur valorisation au pair et non de leur valeur de marché en moins-value latente, ce qui permet aux banques d’éviter de vendre à perte leurs titres avant leur maturité.

 

Les conséquences

  • Cette affaire rappelle que les américains ont conscience des risques systémiques depuis Lehman Brothers et sont capables de réagir rapidement.
  • La déconfiture de ces deux banques nous rappelle aussi qu’une hausse très importante et très rapide des taux d’intérêt n’est pas un phénomène anodin et l’importance de toujours avoir une bonne adéquation entre la duration des actifs et la duration des passifs ; en France, on pensera notamment à la question des fonds en euros chez les assureurs vie.
  • A date, les craintes sur les banques régionales américaines ne sont pas éteintes (les phénomènes de « bank run » étant auto-réalisateurs et la facilité de 25 Mds étant probablement un peu faible) tandis que les marchés européens sont dans l’attente d’un soutien du Crédit Suisse par la Banque Nationale Suisse.
  • Les déboires de SBV et de SB sont plus difficiles à imaginer en Europe étant donné que les règles prudentielles de Bâle sont en principe appliquées sérieusement et à toutes les banques sans exemption.
  • En termes d’investissement, on retiendra que le secteur financier est un secteur qui peut présenter des risques difficiles à anticiper et que les acteurs trop spécialisés et/ou non leaders sur leur marché sont les plus risqués.
  • D’un point de vue macroéconomique, deux écoles s’affrontent : d’aucuns pensent que cet épisode pourrait marquer une fin plus rapide que prévue du cycle de hausse de taux, alors que d’autres estiment que l’efficacité des mécanismes ad hoc de stabilisation pourrait au contraire donner les coudées franches aux autorités monétaires pour poursuivre leur politique restrictive.

Pour plus de précisions, n’hésitez pas à demander à Pagesco, votre conseiller en gestion de patrimoine !